Voyage à ROME
Ascension 2006 (25 au 28 mai)
Un
récit de Marie Line Vergne
Jeudi 25 mai 2006 :
9 Heures : on décolle de Persan sous un ciel uniformément gris. 1200 ft
direction Le Plessis, ça turbule beaucoup… ça promet, d’autant qu’on n’a pas
prévu de sac pour vomir…
Nous passerons Coulommiers à 1800ft (quand même !) mais on est toujours beaucoup
secoués. Il n’y a pas de photos de cette branche, les turbulences ayant provoqué
un flou qui n’avait rien d’artistique sur chacune d’elles.
10 heures 30 : Arrivée à Chalons sur Saône. Le ciel semble un peu moins gris, on
aperçoit même un peu de soleil au loin.
Je prends les commandes, cap au 180 vers Avignon. Rapidement, nous naviguons
dans du ciel bleu et on peut monter en niveau de vol (65).
Les Alpes apparaissent à ma gauche, coiffées de leur manteau blanc. J’espère qu’au
retour nous pourrons les survoler car l’aperçu que nous avons aujourd’hui
vaut le détour.
12 heures 10 : arrivée à Avignon, il fait 27°C !
14 heures 30 : Dépôt du plan de vol. Je n’en ai jamais déposé aussi j’ouvre
grand mes yeux et mes oreilles.
C’est François qui prend les commandes pour faire la traversée vers Bastia.
18 heures 30 : Tous les avions sont posés à Bastia, on a refuellé. Francis
effectue des rotations avec la voiture de location afin d’emmener tout le monde
à l’hôtel « Colibri ».
Installation, une douche, on se retrouve dans le hall à 20 heures pour partir à
pied vers le restaurant.
Repas typique Corse, et partie de rigolade : Denis a perdu son pot
d’échappement pas très loin de Pont St Esprit. Il s’est dérouté et a été se
poser sur ce terrain où il est aussi inscrit. Son mécano a pris en charge
l’avion et le club lui en a prêté un autre. Il imagine où a pu tomber sont pot.
Le délire le plus hilarant fut d’imaginer qu’il était tombé sur une véranda
toute neuve que ses heureux propriétaires admiraient.
Minuit : Retour vers l’hôtel.
Minuit 30 : Plutôt que de dormir de suite, Béryl et moi décidons de jeter un
coup d’œil à la nav de demain, c’est Béryl qui sera aux commandes. Nous sommes
dérangées par des éclats de rire dans le couloir.
Ouvrant la porte de la chambre, nous découvrons Pierre et Philippe pleurant de
rire… une lance à incendie à la main… Ils nous expliquent entre deux éclats de
rire, qu’ils voulaient nous doucher, qu’ils se sont renseignés sur le numéro de
notre chambre. C’est un autre client de l'hôtel qu’ils ont visiblement réveillé
!
Heureusement qu’ils n’ont pas ouvert l’eau dès que la porte s’est ouverte !
C’est en riant que tout le monde part se coucher.
Vendredi 26 mai 2006 :
8 heures : Tout le monde se retrouve au petit déjeuner. Francis reprend ensuite
les rotations de la veille pour ramener tout le monde à l’aéroport. Je pars dans
la première rotation car je suis chargée du dépôt du plan de vol pour F-OM.
Plan de vol déposé, météo en poche (que du bleu) nous nous attaquons aux
pré-vols.

10 heures 30 : Nous décollons les uns derrière les autres. F-IZ est le dernier à
s’aligner. Nous entendons à la radio qu’il demande l’autorisation de reprendre
le taxi way car il a un problème de freins.
Nous apprendrons une fois arrivés à Rome que les freins et le carénage de roue
de l’IZ ont eu un coup de chaud. IZ restera malheureusement bloqué 2 jours de
plus à Bastia en attendant les pièces pour réparation.
Midi 20 : arrivée à Rome. Il fait très chaud, il n’y a pas un seul nuage. Nous
sommes accueillis par les pilotes de l’aéroclub local. Gentiment, ils nous
aident à refueller et à ranger les avions. Des boissons fraiches nous attendent,
un vrai bonheur par 35°C !
Pendant qu’une navette nous emmène jusqu’à l’hôtel, Philippe et Jacques repartent chercher François et Fabrice. Michel et René resteront avec l’IZ pour
tenter de le réparer.
C’est un ancien de l’ACCM qui nous servira de guide. En effet, Olivier travaille
pour l’Ambassade de France à Rome. Il est en congé cet après midi, spécialement pour nous.
Après un après midi passé à découvrir Rome, nous retrouvons Philippe, Jacques et
nos deux rescapés de l’IZ : François et Fabrice au mess des officiers de l’Armée
de l’Air. Olivier et le général en retraite de l’Armée de l’Air qui nous a
accueilli sur l’aéroport sont des nôtres. L’ambiance est détendue et il est
presque une heure quand nous regagnons notre hôtel.
Samedi 27 mai 2006 :
Il est à peine 7 heures quand je saute de mon lit pour une douche tonifiante.
J’ai rendez-vous dans trente minutes au petit déjeuner avec Nicolas. Nous sommes
tous deux pilotes ce matin et nous avons prévu de travailler notre nav ensemble.
7 heures 30 : ma planche de vol, les logs de nav, les cartes, et mon carré de
déroutement sous le bras, je pénètre dans la salle de petit déjeuner. Nicolas
est déjà attablé. Un solide petit déjeuner, la branche est longue (environ 3
heures 30 de vol), nous nous installons à l’écart pour travailler.
Nous prévoyons de longer la côte italienne : le vor de TAQ, Talamone, Castiglione
della Pascaia, Punta ala, Castiglioncello, Vareggio…
Là, une zone P nous barre la route. Deux possibilités :
- infléchir notre cap vers le Nord et passer par la montagne (les sommets
proches annoncent 3800ft)
- infléchir le cap vers le sud ouest et prévoir une traversée maritime.
Après discussion avec un instructeur présent, c’est la montagne qui l’emporte.
Ce sera donc : Sestri Levante, Nervi, Cogoleto, Savona, Ceriale, Alassio,
Monaco, Nice, Cannes, Antibes, le VOR de St Tropez jusqu’à Cuers.
Dépôt des plans de vol, essence, tout le monde est prêt. Décollage après avoir
longuement remercié nos hôtes italiens pour leur accueil.
Dans l’OM, l’équipage a été quelque peu modifié : Fabrice et Laurent sont en
place arrière, Philippe est bien sûr en place instructeur… et moi en place
pilote. Nos deux nouveaux compagnons pèsent lourds, nous sommes centrés arrière
: ils vont devoir prendre les plus gros bagages sur leurs genoux le temps du
décollage. Philippe a beaucoup hésité entre le plein jusqu’aux palettes et le
plein complet. Ce matin, il a finalement opté pour le plein complet… et la suite
va nous montrer que c’était une bonne idée.
35°C au sol, il fait chaud, aussi dans l’avion mais nous avons emmené des petites
bouteilles d’eau ainsi que des gâteaux secs. Nous venons de décoller, il est 11
heures 30 et nous sommes partis pour 3 heures trente de vol.
Philippe fait la radio en anglais, je pilote, tout va bien. Je suis ravie car
bien que le temps passe, je ne me sens pas fatiguée (c’est la première fois que
je pilote si longtemps).
La zone P arrive. Cap au Nord Ouest pour la contourner par la montagne. Deux
choses m’ont surprise :
- la force des rabattants que nous avons rencontrés,
- la difficulté qu’il y a à franchir la montagne.
Tout semblait bien plus simple attablés au petit déjeuner. Je n’imaginais, ni que
nous serions secoués ainsi, ni que je devrais tirer sur le manche, chercher
l’endroit le plus bas pour passer, me positionner sur un flan de montagne pour
me permettre de faire demi-tour si besoin, et attaquer la montagne toujours un
peu en virage et jamais de face.
Ca y est, nous revoilà le long de la côte, je souffle un grand coup.
Au revoir l’Italie, bonjour la France. Je reprends la radio. Le transit le long
des côtes françaises se fera à 500ft… 500ft, mais c’est quasiment dans l’eau, ça, non ?
Sur notre gauche, les Iles de Lesrins. Les moines sont dehors, en congrès ? Nous
interrogeons la contrôleuse. Pourrions nous faire le tour de l’île ? Ca semble
compliqué… On laisse tomber. La suite nous dira que l’on a été fort bien
inspiré…
On quitte les bords de côte pour l’arrière pays.
Depuis quelques minutes, je
suis soucieuse : les deux réservoirs sont presque à zéro. Ce n’est pas cohérent
: l’OM, un PA28, est donné pour 4 heures 45 d’autonomie. On a fait les pleins
complets au départ. Cela fait un peu plus de 3 heures 15 que l’on vole et on est
presque à sec… J’indique du doigt les aiguilles des réservoirs. Ca ne s’arrange
pas car on est pris dans des turbulences.
Philippe m’explique :
« On va assécher le réservoir droit, ça veut dire que tu gardes un œil sur la
pression d’essence, dès qu’elle tombe, tu changes de réservoir, ok ? »
Le cap, l’altitude malgré les turbulences et un œil sur la pression d’essence….
ok…
J’ai visuel sur le terrain de Cuers! On ne prend aucun risque, la pression n’est
pas encore tombée sur le réservoir droit, mais on change de réservoir : on doit
avoir encore une quinzaine de minutes dans le réservoir gauche.
Intégration, posé, pas cassé. La paperasse expédiée, je m’allonge dans l’herbe à
l’ombre d’un arbre. Je suis quand même un peu fatiguée : 3 heures 45 de vol, une
première pour moi. Mes trois compères s’occupent du plein et garent correctement
l’avion. Philippe est soucieux, il ne comprend pas pourquoi on s’est retrouvé
"short petrol", il va falloir éclaircir ça !
Manger, qui veut manger ? Le restaurateur installé sur le terrain sert encore à
cette heure avancée de l’après-midi, il est près de 16 heures 30 ! Je me
rappelle un coup que j’ai une faim d’ogre.
Trois pas et nous sommes installés sous la tonnelle du restaurant. A cette
heure, nous sommes les seuls convives. Succulent, peu cher et l’accueil est
extrêmement chaleureux, je le conseille !
18 heures, on décolle à nouveau pour la dernière branche de la journée : c’est
Fabrice qui est aux commandes.
Une heure plus tard nous sommes vertical de Gap que Fabrice s’obstine à appeler
Cuers. Fou rire, intégration. Posé, pas cassé, entre deux décollages des deux
Pilatus qui larguent une cargaison de parachutistes.
Des corolles multicolores
éclatent dans le ciel d’un bleu uniforme. Ce soir, la lumière de cet endroit me
semble magique. Je lève les yeux vers le ciel, mon pendentif serré dans ma main
droite : il ne me manque que mes quatre complices pour que mon bonheur soit
complet. J’aurais tant voulu partager ça avec eux !
On fera le plein de l’avion demain matin. Ce soir, repos. Nous sommes logés sur
le terrain. L’hôtel dispose d’une piscine en plein air, vite, un peu de détente
bien méritée!
Une tête dans la piscine, un brin de toilette et nous voilà en route pour le
restaurant qui se trouve dans la ville de Tallard soit une trentaine de minutes
de marche à pied ou dix de vélos (gentiment mis à notre disposition par la
gérante de l’hôtel).
Repas pantagruélique au milieu d'éclats de rire… Je me mets au régime quand je
rentre. A table, je suis installée entre Denis et Nicolas, face à Fabrice, Louis
et Laurent. Je suis ravie, je découvre tous ces amis que je ne connaissais pas
et avec qui il est agréable de partager un moment de gastronomie aéronautique.
L’ambiance est d’autant plus détendue que l’on vient d’apprendre que l’IZ a pu
regagner Persan en fin d’après-midi.
Retour à pied. Il est minuit passé, le ciel est constellé d’étoiles. Au terrain,
des parachutistes font une fête et surtout beaucoup de bruit. Nous décidons,
puisque nous ne pourrons pas dormir d’aller regarder les étoiles, le spectacle
est magique. Oh, une étoile filante ! Je suis sure que depuis le ciel on vient
de me faire un clin d’œil.
Dimanche 28 mai 2006 :
La question du matin c’est : retour par les Alpes ou par Vichy ?
Pour Denis, Martine et Agathe, la question est réglée : ils repartent sur Pont
St Esprit pour rendre l’avion au Club, ils remonteront sur Paris en TGV. Oui,
enfin… tout est complet, ils arrachent trois places debout en première classe
pour un prix d’or… Ils n’ont pas le choix, Denis a une réunion très importante
le lendemain matin.
Jacques, Francis et Eliane passeront par les Alpes mais sans s’y attarder. Ils
se poseront à Annecy juste pour refaire le plein d’essence et décolleront sans
tarder.
Louis et Pépé, dans l’Aquila, suivront le même chemin que les précédents.
Pierre, François, Béryl et Nicolas passeront plutôt par Vichy avec le C172.
Pierre semble craindre qu’il ne grimpe pas assez.
Laurent, Fabrice, Philippe et moi votons d’une seule voix pour les Alpes en
passant par le mont Blanc et la mer de glace.
Essence, décollage pour le mont Blanc, c’est Laurent qui sera notre pilote. On
monte au niveau 120. Génial ! Les montagnes couvertes de neige sont superbes, le
soleil les fait étinceler.
L’aiguille du midi est prise par les nuages, elle a
un air satanique ou féerique, au choix. Le mont Blanc est lui aussi
partiellement accroché par les nuages, sa pointe émerge au-dessus d’un champ de
coton moelleux.
Philippe a pris les commandes, il nous offre deux 360 dans la mer de glace.
C’est magique, il n’y a plus de mots pour décrire notre émerveillement, dans la
cabine tout le monde est silencieux.
Il faut redescendre si on ne veut pas souffrir de l’hypoxie.
Cap sur Annecy.
Nous retrouvons là bas, les deux autres avions déjà arrivés. Francis, Jacques et
Eliane décollent après avoir refait le plein, cap sur Persan.
Pépé et Louis restent déjeuner avec nous. Le repas est un peu plus triste, c’est
la fin de l’aventure et chacun sait que cela va être difficile de retrouver
demain la vie de tous les jours, la vraie vie, quoi.
Essence, décollage et cap sur Persan pour nous aussi. Ca ne passe pas sur le
Morvan, nous incurvons notre route un peu plus à l’Ouest. C’est Fabrice qui
pilote. Il est parti pour 3 heures de vol, c’est une première pour lui aussi.
Il est près de 18 heures, on aperçoit le terrain, le temps est acceptable sur la
région parisienne. Ne tenant pas compte de la fatigue de Fabrice, Philippe
plaisante :
« On a visuel sur le terrain, on entend que c’est la 28 en service, on a qu’à
faire une longue finale 28 »
Et Fabrice d’annoncer à la radio :
« Persan de F-OM, en provenance d’Annecy à destination de vos installations pour
une longue finale sur la piste 28”
Eclats de rire dans la cabine. Fabrice se tourne vers nous à l’arrière :
« Ben, quoi, qu’est ce que j’ai dit ? »
Posés, fatigués... L’avion est lavé, rentré sous le hangar. Chacun rentre chez lui
après que rendez-vous soit pris pour visionner les photos.
On repart quand ?
Marie Line Vergne
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Avions : F-BNIZ, F-GZDL, F-GLOO, F-GJOM, F-GKYL, F-GDKG
Participants : Michel Adler, René Lemaire, Michel Tholin, André Motte,
Dorothée Cochard, Pierre Van Hees, Fabrice Wilthien, Laurent Renaud, Louis
Pavie, Nicolas Vilars, Marie Line Vergne, Beryl Seeyave, François Joyeux, Philippe
Guerre, Jacques Ravaud, Elianne et Françis Soulet, Denis, Martine et Agathe Hugelmann.
Photos : Marie Line Vergne |